Le 21 novembre 2019 dans Rencontres

L’interview d’Alex Cousseau et Charles Dutertre

Georges a rencontrĂ© l’auteur Alex Cousseau et l’illustrateur Charles Dutertre, qui publient ensemble l’album La Route du lait grenadine (Ă©ditions du Rouergue). Voici l’interview en entier !

Votre duo a dĂ©jĂ  travaillĂ© ensemble, comment est venue l’idĂ©e de La Route du lait grenadine

Alex – Avant l’idĂ©e, il y a eu l’envie d’écrire en s’inspirant des images. C’est un dĂ©fi que nous nous sommes lancĂ©s : Charles dessine, j’écris ensuite. Pour que cela fonctionne, on s’est mis d’accord sur une idĂ©e de dĂ©part assez simple. Une course. Avec des concurrents et leurs drĂŽles de machines, une ligne de dĂ©part, des Ă©preuves, et une ligne d’arrivĂ©e. La Route du lait grenadine  c’est une version de la Route du Rhum pour les enfants.

Charles – Chaque livre est un jeu dont on invente les rĂšgles. Il faut que l’on s’amuse. Ici, pas de texte au dĂ©part, je pouvais faire ce que je voulais avec le dessin. C’Ă©tait pour moi un vrai bonheur d’illustrateur.

Les personnages ont des points communs avec ceux de La Brigade du silence (que vous avez aussi rĂ©alisĂ© ensemble) : les yeux, la taille, les casquettes de Peaky blinders
, c’est une sorte de suite ?

Alex – Pas vraiment une suite, mais disons que La Brigade du silence aurait pu participĂ© Ă  cette course. J’imagine qu’ils auraient fait beaucoup de bruit !

Charles – Je fonctionne beaucoup par cycle, en ce moment je suis plutĂŽt dans un dessin trĂšs fin avec beaucoup de hachures. C’est le style que j’avais trouvĂ© pour La Brigade du silence et je l’ai gardĂ© pour La Route du lait grenadine. Mais le prochain album sera complĂštement diffĂ©rent.

Comment se passe la rencontre entre un auteur et un illustrateur ? Faut-il ĂȘtre amis ?

Alex – Comme toute rencontre, ce sont souvent les hasards de la vie qui font se rencontrer un auteur et un illustrateur. Et puis vient (ou pas) l’envie d’essayer de jouer ensemble Ă  faire un album. Avec Charles, je crois que nos sensibilitĂ©s et nos univers se plaisent bien. Ce qui est une dĂ©finition possible de l’amitiĂ©. D’album en album, notre complicitĂ© devient de plus en plus Ă©vidente.

Charles – Je n’arrive pas expliquer pourquoi cela fonctionne. On Ă©change beaucoup lors de la conception, mais chacun est autonome dans sa crĂ©ation. On peut trĂšs bien travailler ensemble sans ĂȘtre amis, mais c’est beaucoup plus facile quand on l’est.

Charles, il y a des petits personnages et vraiment beaucoup de petits objets, avez-vous tout dessinĂ© Ă  la main ? MĂȘme toute la forĂȘt ?

Charles – Je dessine tout Ă  la main, y compris la forĂȘt, sur des feuilles sĂ©parĂ©es. Ensuite je place les dessins sur ordinateur. Parfois, je triche un peu, j’utilise plusieurs fois la mĂȘme fleur ou le mĂȘme arbre. J’adore dessiner les objets, et j’en collectionne beaucoup. J’aime dessiner les parapluies et les chaussettes ! Tiens, je pourrais commencer une collection de chaussettes !

S’il y a autant de petits dĂ©tails, est-ce parce que l’auteur le demande ? Qui a inventĂ© les noms loufoques des machines et des personnages ?

Alex – Les petits dĂ©tails, c’est l’univers de Charles. Je crois qu’il adore ça. Et moi aussi. Il y en a partout dans ses carnets de croquis, j’adore les feuilleter, j’ai l’impression d’ouvrir des tiroirs qui dĂ©bordent de vie. Les noms loufoques des personnages, c’est plutĂŽt moi. Un nom raconte dĂ©jĂ  beaucoup de choses, je trouve important de les choisir avec soin. DĂšs le dĂ©but, ça donne le ton, l’ambiance de l’histoire.

Charles – Je me suis vraiment concentrĂ© sur le dessin des personnages et leurs reprĂ©sentations ! et avec leurs noms, trouvĂ©s par Alex, les personnages prennent vie !

Pourquoi la couleur des pages changent au fur et Ă  mesure ?

Charles – Je tente de donner du sens Ă  la couleur. ici on doit sentir l’Ă©volution de la journĂ©e. La durĂ©e de vie d’un insecte est trĂšs courte, donc leur course aussi : une seule journĂ©e. Je voulais montrer l’Ă©volution de cette journĂ©e par la couleur !

Toutes les machines sont pleines d’engrenages, de vis, d’hĂ©lices
 on dirait des objets recyclĂ©s… Il y a mĂȘme un Ă©conome, un peigne, des boutons, des chaussettes
 c’est trĂšs amusant de dĂ©couvrir tout ce qui compose les machines. Est-ce amusant aussi pour vous de les dessiner ? Êtes-vous bricoleur ? Combien de temps avez-vous mis ?

Charles – J’aime beaucoup les dessiner et surtout trouver des nouvelles idĂ©es d’objets. Je suis plutĂŽt un bricoleur de la derniĂšre chance, je rĂ©pare les objets cassĂ©s ou les mĂ©canismes… sinon c’est la poubelle. J’aimerais me donner du temps pour fabriquer des machines, mais je n’y arrive pas. C’est pour ça que je les dessine !

Propos recueillis par Anne Bensoussan pour Georges N° FĂȘte foraine.

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