Georges a rencontrĂ© l’auteur Alex Cousseau et l’illustrateur Charles Dutertre, qui publient ensemble l’album La Route du lait grenadine (Ă©ditions du Rouergue). Voici l’interview en entier !
Votre duo a dĂ©jĂ travaillĂ© ensemble, comment est venue l’idĂ©e de La Route du lait grenadine ?
Alex – Avant lâidĂ©e, il y a eu lâenvie dâĂ©crire en sâinspirant des images. Câest un dĂ©fi que nous nous sommes lancĂ©s : Charles dessine, jâĂ©cris ensuite. Pour que cela fonctionne, on sâest mis dâaccord sur une idĂ©e de dĂ©part assez simple. Une course. Avec des concurrents et leurs drĂŽles de machines, une ligne de dĂ©part, des Ă©preuves, et une ligne dâarrivĂ©e. La Route du lait grenadine câest une version de la Route du Rhum pour les enfants.
Charles – Chaque livre est un jeu dont on invente les rĂšgles. Il faut que l’on s’amuse. Ici, pas de texte au dĂ©part, je pouvais faire ce que je voulais avec le dessin. C’Ă©tait pour moi un vrai bonheur d’illustrateur.
Les personnages ont des points communs avec ceux de La Brigade du silence (que vous avez aussi rĂ©alisĂ© ensemble) : les yeux, la taille, les casquettes de Peaky blindersâŠ, c’est une sorte de suite ?
Alex – Pas vraiment une suite, mais disons que La Brigade du silence aurait pu participĂ© Ă cette course. Jâimagine quâils auraient fait beaucoup de bruit !
Charles – Je fonctionne beaucoup par cycle, en ce moment je suis plutĂŽt dans un dessin trĂšs fin avec beaucoup de hachures. C’est le style que j’avais trouvĂ© pour La Brigade du silence et je l’ai gardĂ© pour La Route du lait grenadine. Mais le prochain album sera complĂštement diffĂ©rent.
Comment se passe la rencontre entre un auteur et un illustrateur ? Faut-il ĂȘtre amis ?
Alex – Comme toute rencontre, ce sont souvent les hasards de la vie qui font se rencontrer un auteur et un illustrateur. Et puis vient (ou pas) lâenvie dâessayer de jouer ensemble Ă faire un album. Avec Charles, je crois que nos sensibilitĂ©s et nos univers se plaisent bien. Ce qui est une dĂ©finition possible de lâamitiĂ©. Dâalbum en album, notre complicitĂ© devient de plus en plus Ă©vidente.
Charles – Je n’arrive pas expliquer pourquoi cela fonctionne. On Ă©change beaucoup lors de la conception, mais chacun est autonome dans sa crĂ©ation. On peut trĂšs bien travailler ensemble sans ĂȘtre amis, mais c’est beaucoup plus facile quand on l’est.
Charles, il y a des petits personnages et vraiment beaucoup de petits objets, avez-vous tout dessinĂ© Ă la main ? MĂȘme toute la forĂȘt ?
Charles – Je dessine tout Ă la main, y compris la forĂȘt, sur des feuilles sĂ©parĂ©es. Ensuite je place les dessins sur ordinateur. Parfois, je triche un peu, j’utilise plusieurs fois la mĂȘme fleur ou le mĂȘme arbre. J’adore dessiner les objets, et j’en collectionne beaucoup. J’aime dessiner les parapluies et les chaussettes ! Tiens, je pourrais commencer une collection de chaussettes !
S’il y a autant de petits dĂ©tails, est-ce parce que l’auteur le demande ? Qui a inventĂ© les noms loufoques des machines et des personnages ?
Alex – Les petits dĂ©tails, câest lâunivers de Charles. Je crois quâil adore ça. Et moi aussi. Il y en a partout dans ses carnets de croquis, jâadore les feuilleter, jâai lâimpression dâouvrir des tiroirs qui dĂ©bordent de vie. Les noms loufoques des personnages, câest plutĂŽt moi. Un nom raconte dĂ©jĂ beaucoup de choses, je trouve important de les choisir avec soin. DĂšs le dĂ©but, ça donne le ton, lâambiance de lâhistoire.
Charles – Je me suis vraiment concentrĂ© sur le dessin des personnages et leurs reprĂ©sentations ! et avec leurs noms, trouvĂ©s par Alex, les personnages prennent vie !
Pourquoi la couleur des pages changent au fur et Ă mesure ?
Charles – Je tente de donner du sens Ă la couleur. ici on doit sentir l’Ă©volution de la journĂ©e. La durĂ©e de vie d’un insecte est trĂšs courte, donc leur course aussi : une seule journĂ©e. Je voulais montrer l’Ă©volution de cette journĂ©e par la couleur !
Toutes les machines sont pleines d’engrenages, de vis, d’hĂ©lices⊠on dirait des objets recyclĂ©s… Il y a mĂȘme un Ă©conome, un peigne, des boutons, des chaussettes⊠c’est trĂšs amusant de dĂ©couvrir tout ce qui compose les machines. Est-ce amusant aussi pour vous de les dessiner ? Ătes-vous bricoleur ? Combien de temps avez-vous mis ?
Charles – J’aime beaucoup les dessiner et surtout trouver des nouvelles idĂ©es d’objets. Je suis plutĂŽt un bricoleur de la derniĂšre chance, je rĂ©pare les objets cassĂ©s ou les mĂ©canismes… sinon c’est la poubelle. J’aimerais me donner du temps pour fabriquer des machines, mais je n’y arrive pas. C’est pour ça que je les dessine !